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[Interview] Jérome Le Maire, responsable du Mastère 2 Logistique Sécurisée Intelligente (LSI)

Vous êtes Responsable de la Supply Chain au sein du groupe Vaillant depuis 16 ans, quelles ont été pour vous les grandes étapes et moments marquants de cette expérience professionnelle ?  

J’ai commencé ma première expérience professionnelle au sein du groupe Candy et plus particulièrement dans les usines Rosières à Bourges qui étaient spécialisées dans l’électroménager. J’occupais une fonction Supply Chain.  

En 2001, j’ai rejoint le groupe Saunier Duval localisé à Nantes (racheté entre temps par le groupe Vaillant) qui fabrique des systèmes de chauffage. J’ai eu différentes fonctions, toujours dans le domaine de la Supply Chain, comme la fonction de chef de projet en approvisionnements. 

En 2004, je suis devenu le Supply Chain Manager du site. J’avais la responsabilité opérationnelle de la partie planning, des approvisionnements, et de la logistique physique (flux de matériaux à l’intérieur de l’usine, expédition des produits vers les clients). J’ai occupé cette fonction jusqu’à début 2011. J’ai ensuite eu d’autres responsabilités au sein du groupe Vaillant dans l’organisation corporate Supply Chain. Je me suis plus particulièrement occupé des différentes usines, avec beaucoup de déplacements en Europe (surtout en Allemagne), mais aussi en Chine et en Turquie.  

Depuis 2017, je suis toujours dans l’équipe Supply Chain du groupe Vaillant. Je m’occupe maintenant de deux points clés très important :

  • la gestion des prévisions de ventes : j’ai des équipes qui travaillent pour aider les filiales commerciales à affiner et améliorer les prévisions de ventes de nos produits.
  • Les projets de Supply Chain : à chaque lancement d’un produit, nous avons des équipes Supply Chain qui accompagnent les projets pour faire en sorte que le nouveau produit arrive en temps et en heure sur le marché. Nous allons donc préparer toute la Supply Chain, notamment fournisseurs, pour que tout se passe bien et éviter les obsolètes.  

J’ai commencé à donner des cours sur la Supply Chain en 2006. Je suis arrivé à l’ESLI en 2011, principalement avec les CD09 (formation continue). Depuis novembre, je suis devenu responsable du Mastère 2 Logistique Sécurisée Intelligente, je m’occupe notamment du tutorat des étudiants et de l’encadrement des projets GENIAL.  

Ce poste implique-t-il de nouveaux challenges pour vous ? 

Je pense qu’il y a une continuité dans le temps, que je vais appeler vision d’ensemble. Quand nous intervenons dans une école, on se cantonne généralement au cours, on essaye de faire en sorte que cela se passe du mieux possible et que cela apporte une valeur ajoutée. 

En tant que professeur affilié, je découvre beaucoup plus de choses, comme la coordination pédagogique, la conception d’un programme (qui ressemble étrangement à la conception d’un produit, mais avec un jargon spécifique).

De plus, il y a toute l’arborescence entre les différentes formations du Campus à connaître. Tous ces éléments sont un challenge, car il faut tout maîtriser. Un autre défi est qu’il y a énormément de personnes en contact d’un seul coup, entre l’équipe pédagogique, les professeurs et les étudiants. Rapidement un réseau de 200 à 300 personnes se fait.

Enfin, mon dernier challenge est l’organisation, notamment à la prise de poste. Il faut trouver un équilibre entre toutes les tâches et le fait d’être qu’à 10%. Mais d’un côté, ma position est intéressante car j’ai plus qu’un pied dans l’industrie et la Supply Chain, je suis donc capable de voir et maîtriser les challenges. L’important c’est de ne pas remettre à demain, ce que nous pouvons faire aujourd’hui.  

Pensez-vous que c’est un plus ou un point fort pour les étudiants d’être accompagné par un « expert » du domaine ?  

Pour savoir si c’est un point fort il faudra demander aux étudiants dans quelques mois ! Ce serait prétentieux de dire que c’est le cas, mais ce que j’essaye de leur apporter, c’est l’expertise en termes de méthodologie. Quand les étudiants m’expliquent leur projet, c’est généralement quelque chose que j’ai déjà fait ou fait faire ou quelque chose de très similaire, l’expérience permet de montrer que globalement la problématique est la même. C’est donc ce que j’essaye d’apporter : l’apprentissage de la méthodologie, car c’est ce qui est vraiment important avant de se lancer dans un projet ou un problème. J’essaye également de ne pas être trop terrain ni trop théorique car cela peut vite devenir différent. Il faut trouver un équilibre entre le terrain et la théorie ! 

Selon vous, quelles sont les compétences indispensables d’un professionnel de la fonction logistique aujourd’hui ?

Pour commencer, nous pouvons parler d’une souplesse de compréhension. En Supply Chain, il y a des problématiques très opérationnelles, il faut aller sur le terrain, faire du management très court terme, mais aussi se projeter dans des éléments très stratégiques, par exemple des investissements sur une nouvelle plateforme logistique. En Supply Chain, vous êtes en permanence en train d’évoluer. Il faut savoir faire du court, du moyen et du long terme à la fois. 

La deuxième chose à maîtriser est la compréhension de tous les process et du vocabulaire en Supply Chain car il y a une certaine complexité. Ensuite, il faut accepter les aléas qui font partie de la vie d’un directeur logistique, comme la Covid ou le Brexit qui vont générer des problèmes de transport. Il peut toujours se passer quelque chose à laquelle il faudra trouver une solution.  

Une autre compétence à maîtriser est l’anglais. Depuis 15 ans, les entreprises sont connectées à l’étranger. Il faut être bilingue le vite possible, car nous sommes très souvent amenés à nous déplacer à l’étranger ou échanger avec des fournisseurs étrangers.  

Selon vous, quels sont les principaux enjeux portés par le secteur de la Supply Chain dans ce contexte si particulier ?  

La première chose est que cela remet la Supply Chain à un niveau stratégique. Une fonction Supply Chain efficace a permis à des entreprises de mieux s’en sortir que d’autres. Celles qui ont pu définir les fournisseurs sans difficultés pendant cette période ont réussi à continuer de produire. 

La fonction Supply Chain est encore vue comme une fonction support mais il s’agit en réalité d’une partie très stratégique dans une entreprise. Avec la résilience de la Supply Chain, il faut la structurer pour être capables d’encaisser les coûts et de pouvoir repartir par la suite. Pour être plus résilientes, les Supply Chain doivent savoir se transformer : par exemple la digitalisation, qui va être utile pour être plus efficace, et pour offrir plus de solutions aux clients, comme le click and collect.  

Il faut ensuite maîtriser la prévision des aléas et améliorer nos systèmes de prédictions des aléas, mais surtout nos faiblesses face à un événement important pour faire des modifications.  

Un message pour les étudiants ?  

C’est un travail intéressant, car vous avez une vision à 360° de la vie et de ce qu’il se passe tous les jours. C’est important d’être curieux. Vous allez rencontrer dans la Supply Chain beaucoup de choses dont on entend parler dans les informations, comme le Brexit ou la Covid qui ont des impacts sur la Supply Chain. Vous avez une vision sur le monde qui est juste énorme. Vous voyez et découvrez énormément de choses et c’est ce qui est très intéressant, c’est un métier qui sort de l’ordinaire.

De plus, vous rencontrez beaucoup de personnes. Il faut avoir beaucoup d’empathie pour comprendre tous les enjeux et rôles de chacun. Être pédagogue est aussi important pour bien expliquer tous les processus, être précis et ne pas se laisser déstabiliser.

Une autre compétence qui peut aider : savoir dessiner, pour illustrer les explications et idées.

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Mohamed HAOUARI

Directeur Adjoint ESLI Redon / GIP CEI

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