L’industrie française s’est fragilisée au cours des dernières décennies au point de devenir un maillon faible pour nous tous. Un effort significatif de réindustrialisation est amorcé en France depuis peu. Il passe par une maitrise accrue des chaînes logistiques d’approvisionnement et de distribution, des relations fournisseurs et des outils de production. La nécessaire quête d’indépendance/souveraineté s’inscrit cependant dans un contexte managérial très exigeant, décrit par les anglo-saxons avec le concept « d’hyper compétition » :

  • Un avantage concurrentiel difficile à garder avec des produits de plus en plus technologiques/intelligents/innovants à des coûts décroissants, des délais de livraison réduits, une concurrence mondiale réactive ;
  • Des approvisionnements et de la logistique, et le respect de l’environnement (par le recyclage des cartes en particulier) ;
  • Une gestion de l’imprévisibilité des marchés incitant à la flexibilité avec l’externalisation des activités et l’organisation en juste-à-temps ;
  • Une élévation des normes productives : sécurités, sanitaires, environnementales, technologiques, sociétales.

L’adaptation à ce contexte ouvre des opportunités professionnelles sans précédents pour des collaborateurs et des entrepreneurs qui auront une vision souveraine des mécanismes de sécurisation et de création de valeur pour l’entreprise. Pour les écoles et universités, cela doit consister à former aux stratégies, méthodes et outils contribuant à la sécurisation de la performance, financière et non-financière. Cette orientation amène à rechercher le développement de l’intelligence de terrain et la capacité à collaborer. Cette intelligence de terrain se traduit à tous les niveaux par des collaborateurs ouverts aux usages et à la culture d’entreprise, aux évolutions technologiques, à la mixité, à l’environnement, aux exigences de performance et de flexibilité inhérentes à l’existence même de l’entreprise.

Dans ce contexte, la sécurisation de la capacité à délivrer des biens et des services s’adosse nécessairement à une collaboration continue entre les différentes fonctions que sont les Achats, la Logistique, la Production/Productique, mais également la Recherche et Développement. Les principaux leviers de sécurisation sont interfonctionnels/collaboratifs et non pas fonctionnels/hiérarchiques (en silo et cloisonnés). La sécurisation est une valeur collective, résultante de relations, internes ou externes, et d’interfaces complexes, véritable objet de management, permettant de gérer les risques ou de s’ajuster aux soubresauts, notamment de l’offre et de la demande.

La sensibilisation à la sécurisation collaborative de l’organisation constitue un volet particulièrement recherché dans les formations dispensées au sein des écoles ESLI (Ecole Supérieure de Logistique Industrielle) et ESTI (Ecole Supérieure des Technologies Industrielles). Elle concerne les niveaux cadre mais également les niveaux technicien. Par exemple, les techniciens en production électronique doivent être sensibilisés à la gestion logistique des approvisionnements de composants électroniques qui ont tendance à se complexifier au fur et à mesure que les cycles et les délais de livraisons diminuent. Pour le chef d’entreprise d’électronique qui voit le nombre de composants exploser à l’ère du numérique, la gestion de la supply chain devient très vite l’affaire de tous dans l’entreprise !!

L’urgence du changement et les défis sont là. Les programmes de formation et de recherche de l’ESLI et de l’ESTI doivent permettre d’accompagner au mieux les entreprises et les apprenants pour répondre à l’irréductible besoin de transformation numérique et écologique de la société. La mise en œuvre de cet accompagnement, immédiat et urgent, constitue l’essence de la stratégie du GIP CEI et de ses écoles ! Cet accompagnement par la formation adresse tous les secteurs publics et privés (l’aéronautique, les transports, les télécommunications, la santé, la défense et l’énergie…) et contribuera, à notre humble échelle, à sécuriser l’accès de nos entreprises aux composants/systèmes/technologies indispensables aux secteurs d’avenir (Défense, sécurité intérieure, santé, alimentation, robotique,  transports intelligents et décarbonés, systèmes et équipements agricoles) et à soutenir nos filières d’excellence et nos territoires.

Thierry Sauvage, Directeur Général du GIP CEI